# L'Aigle et le Renard ;; DarshanjaarLun 18 Jan - 10:37△ V O R A C E ▽
L'Aigle et le Renard
Shani x Altaïr
18 janvier 200
L’atmosphère est lourde, chargée d’électricité, mais cela n’a rien d’exceptionnel à Seden. Bien au contraire. C’est ce que préfère la population, bien trop familière de la foudre pour s’en offusquer. Ce n’est pas le cas d’Altaïr. Lui a grandi dans la neige de Glacies, dans le froid et le gel, et s’il n’a pas la résistance des natifs de ce pays, il n’en est pas moins habitué aux températures basses. Même après dix ans passés sur les terres de Ferus, il a encore du mal à se faire à ce climat saturé de tension. Le soleil a du mal à percer les nuages gris qui surplombent la ville et la neige tombée il y a quelques jours est déjà devenue un tas boueux sur les rues de la cité. L’hiver est une vaste plaisanterie dans ce pays. Mais ce n’est pas sa préoccupation première.
Se frayant un chemin dans la foule, Altaïr grogne un peu dès qu’un mur humain l’empêche d’avancer. Lui qui d’ordinaire est de bonne humeur est légèrement agacé aujourd’hui. Ce n’est pas la première fois que le prince se soustrait à sa garde, mais quand il fuit ses obligations, c’est en général sur lui que ça retombe. Même s’il doute que c’était réellement volontaire de sa part, le fait est bien là. S’il ne le ramène pas au plus vite au palais, il devra faire face au roi lui-même. Altaïr parvient à quitter la foule pour prendre une petite ruelle sur la gauche. Cela risque d’allonger son trajet, mais vu le monde dehors en ce milieu d’après-midi, ce sera tout de même plus rapide. La capitale est toujours très animée durant la journée et cela lui paraît toujours plus important quand il est pressé. Il s’empresse de reprendre sa route jusqu’à sa destination.
Il lui faut encore une bonne quinzaine de minutes pour apercevoir enfin la devanture de l’établissement qu’il cherche. Altaïr presse encore le pas et entre dans le bâtiment sans attendre, délaissant le bruit de la ville pour l’ambiance de la taverne. Les regards de la dizaine de clients présents se tournent vers lui et le sien balaye les lieux, sans trouver la personne qu’il cherche. Le tavernier, lui, le reconnait tout de suite.
« Ah ! M’ssire Dhiya ! J’vous’attendais. »
« Il est là ? »
« Navré, il est parti y’a d’jà une bonne heure. »
Un soupir lui échappe et il lève les yeux vers le plafond. Evidemment qu’il est déjà parti. Le prince sait comment il fonctionne et qu’il allait finir par venir. Altaïr avait une chance sur deux pour que ce scénario se déroule, plutôt que l’autre où le prince l’aurait attendu bien sagement. Il s’avance vers le comptoir et s’installe sur l’un des tabourets. Habitué, le tavernier lui serre une pinte de bière.
« Y vous mène encore par l’bout du nez ? »
« Comme d’habitude. »
« J’magine qu’y’a pas beaucoup de moyen d’s’amuser au palais. »
Altaïr prend une longue gorgée de sa choppe et se gratte la tête nerveusement en réfléchissant. Si le prince n’est pas ici, il n’a plus qu’à aller chercher dans les autres lieux qu’il a l’habitude de fréquenter. Il termine sa bière rapidement et se relève en jetant quelques fidems sur le bar.
« Merci. Passez une bonne journée. »
« A vous’aussi M’ssire Dhiya ! »
Il lui fait un signe de tête poli en souriant, salue les habitués présents aussi et quitte les lieux. Dehors, son regard passe d’un côté à l’autre de la rue en se demandant par où commencer. A droite, au loin, il peut apercevoir les tours du palais qui s’élancent vers le ciel gris. Après un instant d’hésitation, il part vers la gauche, s’enfonçant davantage dans la ville.
L’atmosphère est lourde, chargée d’électricité, mais cela n’a rien d’exceptionnel à Seden. Bien au contraire. C’est ce que préfère la population, bien trop familière de la foudre pour s’en offusquer. Ce n’est pas le cas d’Altaïr. Lui a grandi dans la neige de Glacies, dans le froid et le gel, et s’il n’a pas la résistance des natifs de ce pays, il n’en est pas moins habitué aux températures basses. Même après dix ans passés sur les terres de Ferus, il a encore du mal à se faire à ce climat saturé de tension. Le soleil a du mal à percer les nuages gris qui surplombent la ville et la neige tombée il y a quelques jours est déjà devenue un tas boueux sur les rues de la cité. L’hiver est une vaste plaisanterie dans ce pays. Mais ce n’est pas sa préoccupation première.
Se frayant un chemin dans la foule, Altaïr grogne un peu dès qu’un mur humain l’empêche d’avancer. Lui qui d’ordinaire est de bonne humeur est légèrement agacé aujourd’hui. Ce n’est pas la première fois que le prince se soustrait à sa garde, mais quand il fuit ses obligations, c’est en général sur lui que ça retombe. Même s’il doute que c’était réellement volontaire de sa part, le fait est bien là. S’il ne le ramène pas au plus vite au palais, il devra faire face au roi lui-même. Altaïr parvient à quitter la foule pour prendre une petite ruelle sur la gauche. Cela risque d’allonger son trajet, mais vu le monde dehors en ce milieu d’après-midi, ce sera tout de même plus rapide. La capitale est toujours très animée durant la journée et cela lui paraît toujours plus important quand il est pressé. Il s’empresse de reprendre sa route jusqu’à sa destination.
Il lui faut encore une bonne quinzaine de minutes pour apercevoir enfin la devanture de l’établissement qu’il cherche. Altaïr presse encore le pas et entre dans le bâtiment sans attendre, délaissant le bruit de la ville pour l’ambiance de la taverne. Les regards de la dizaine de clients présents se tournent vers lui et le sien balaye les lieux, sans trouver la personne qu’il cherche. Le tavernier, lui, le reconnait tout de suite.
« Ah ! M’ssire Dhiya ! J’vous’attendais. »
« Il est là ? »
« Navré, il est parti y’a d’jà une bonne heure. »
Un soupir lui échappe et il lève les yeux vers le plafond. Evidemment qu’il est déjà parti. Le prince sait comment il fonctionne et qu’il allait finir par venir. Altaïr avait une chance sur deux pour que ce scénario se déroule, plutôt que l’autre où le prince l’aurait attendu bien sagement. Il s’avance vers le comptoir et s’installe sur l’un des tabourets. Habitué, le tavernier lui serre une pinte de bière.
« Y vous mène encore par l’bout du nez ? »
« Comme d’habitude. »
« J’magine qu’y’a pas beaucoup de moyen d’s’amuser au palais. »
Altaïr prend une longue gorgée de sa choppe et se gratte la tête nerveusement en réfléchissant. Si le prince n’est pas ici, il n’a plus qu’à aller chercher dans les autres lieux qu’il a l’habitude de fréquenter. Il termine sa bière rapidement et se relève en jetant quelques fidems sur le bar.
« Merci. Passez une bonne journée. »
« A vous’aussi M’ssire Dhiya ! »
Il lui fait un signe de tête poli en souriant, salue les habitués présents aussi et quitte les lieux. Dehors, son regard passe d’un côté à l’autre de la rue en se demandant par où commencer. A droite, au loin, il peut apercevoir les tours du palais qui s’élancent vers le ciel gris. Après un instant d’hésitation, il part vers la gauche, s’enfonçant davantage dans la ville.
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# Re: L'Aigle et le Renard ;; DarshanjaarLun 18 Jan - 19:13
L'Aigle et le Renard
18 janvier 200. Le chasseur tend l'oreille. Je retiens mon souffle pour écouter tes pas, toujours dans mon sillage...
Beaucoup de qualités étaient nécessaires pour survivre au palais de Seden. Après y avoir passé sa vie, Darshanjaar pouvait facilement en lister une douzaine. Être implacable, imprévisible, indéchiffrable. Ne pas s’embarrasser de sentiments autrement que pour jouer avec et parvenir à ses fins. Ne jamais considérer les frontières entre allié ou ennemi comme claires et immuables. Ne jamais laisser sa porte, ses arrières, son verre ou son assiette sans surveillance. Ne jamais mélanger les rayures et le brocart. Mais s’il avait du n’en retenir qu’une à placer au-dessus de toutes les autres, il aurait sans hésiter choisi l’intuition en premier. C’était la seule chose à laquelle on pouvait se fier. Peu importait que l’on soit intelligent, retors et endurci, on ne pouvait tout simplement pas survivre à la cour de Ferus sans un instinct aiguisé. C’est pourquoi lorsqu’il ouvrit les yeux en ce début d’après-midi lourd et chaud comme une cape de laine et qu’il constata qu’il n’était ni assommé par la gueule de bois, ni épuisé par sa nuit avec les deux jolis esclaves endormis dans son lit, il obéit promptement au murmure de son intuition.
« Une autre tournée de lomblune, Girish ! Pour moi et pour cette ravissante créature… »
La fille rit quand il lui butina le cou, sa main palpant ses cuisses rondes à travers sa jupe. Elle sentait la sueur, les oignons frits et le parfum bon marché, comme la plupart des catins qui rôdaient à la Main Rouge et dans toute cette partie de la ville, là où le loyer d’un appentis sous un toit pouvait se négocier à 15 fidems la nuit. Cela ne dérangeait pas Darshanjaar. Même s’il n’avait aucun problème à passer ses journées vautré dans le luxe et le raffinement offert par le palais royal, il éprouvait toujours une forme de chaleureuse et innocente perversité à se plonger de temps à autre dans la vulgarité du commun des mortels. Non seulement ça pouvait devenir très excitant mais c’était aussi une source de satisfaction inégalable quand il voyait les expressions choquées repeindre les visages de ses nobles interlocuteurs lors des bals et des dîners. La fille de joie sur ses genoux lui procurerait aussi ce plaisir-là quand il évoquerait la masse brune, chaude et emmêlée de ses cheveux ou l’alcool qui coulait au coin de ses lèvres alors qu’elle buvait son verre à grandes goulées, sans se soucier d’arroser son décolleté au passage. Non vraiment, il y avait une forme de charme indéniable dans la grossièreté de la populace.
Tout en continuant négligemment de boire et de taquiner la prostituée sur ses genoux, Darshanjaar jeta un œil à la lumière au dehors. C’était difficile à dire avec la couverture de nuages gris qui bouchait le ciel mais à vue de nez, il avait quitté le palais depuis bientôt une heure. On s’était certainement rendu compte de son absence. Sa main remonta sur la poitrine de la fille et, d’une caresse habile, blottit une poignée de pièces dans son décolleté. Elle le remercia en ronronnant un baiser sur ses lèvres, le suppliant de rester encore un peu sans toutefois trop résister lorsqu’il se dégagea de son étreinte. On le connaissait bien, ici. On savait que c’était lui qui édictait les règles du jeu. Les autres clients s’écartèrent sur son chemin lorsqu’il s’avança vers le comptoir et le tavernier le remercia généreusement en ramassant la nouvelle moisson d’argent qu’il laissa cliqueter sur le vieux bois.
« Merci beaucoup, Altesse. C’est toujours un plaisir, Altesse. »
« Le plaisir est pour moi, Girish. Mais je dois partir, je suis loin d’avoir fini ma tournée. »
« Où étiez-vous avant cela, Altesse ? »
« Les Deux Racines, comme d’habitude. Il doit déjà y être à cette heure-ci. »
« Et où allez-vous ensuite ? »
Darshanjaar plissa les yeux, ses longs doigts vernis d’argent suivant discrètement le tracé d’une fissure sur le comptoir. Très bonne question, à vrai dire. À quel point allait-il lui compliquer la tâche ?
« La Tête de Tortue, peut-être ? Ou la Lyre et la Flûte. »
Décida-t-il avec un sourire. Ni l’un ni l’autre, en vérité. Il se sentait d’humeur joueuse, aujourd’hui. Il irait à la Corne d’Abondance et verrait combien de temps Altaïr se perdrait sur la fausse piste. Il espérait que son garde du corps soit juste assez efficace pour faire durer le plaisir…
« Une autre tournée de lomblune, Girish ! Pour moi et pour cette ravissante créature… »
La fille rit quand il lui butina le cou, sa main palpant ses cuisses rondes à travers sa jupe. Elle sentait la sueur, les oignons frits et le parfum bon marché, comme la plupart des catins qui rôdaient à la Main Rouge et dans toute cette partie de la ville, là où le loyer d’un appentis sous un toit pouvait se négocier à 15 fidems la nuit. Cela ne dérangeait pas Darshanjaar. Même s’il n’avait aucun problème à passer ses journées vautré dans le luxe et le raffinement offert par le palais royal, il éprouvait toujours une forme de chaleureuse et innocente perversité à se plonger de temps à autre dans la vulgarité du commun des mortels. Non seulement ça pouvait devenir très excitant mais c’était aussi une source de satisfaction inégalable quand il voyait les expressions choquées repeindre les visages de ses nobles interlocuteurs lors des bals et des dîners. La fille de joie sur ses genoux lui procurerait aussi ce plaisir-là quand il évoquerait la masse brune, chaude et emmêlée de ses cheveux ou l’alcool qui coulait au coin de ses lèvres alors qu’elle buvait son verre à grandes goulées, sans se soucier d’arroser son décolleté au passage. Non vraiment, il y avait une forme de charme indéniable dans la grossièreté de la populace.
Tout en continuant négligemment de boire et de taquiner la prostituée sur ses genoux, Darshanjaar jeta un œil à la lumière au dehors. C’était difficile à dire avec la couverture de nuages gris qui bouchait le ciel mais à vue de nez, il avait quitté le palais depuis bientôt une heure. On s’était certainement rendu compte de son absence. Sa main remonta sur la poitrine de la fille et, d’une caresse habile, blottit une poignée de pièces dans son décolleté. Elle le remercia en ronronnant un baiser sur ses lèvres, le suppliant de rester encore un peu sans toutefois trop résister lorsqu’il se dégagea de son étreinte. On le connaissait bien, ici. On savait que c’était lui qui édictait les règles du jeu. Les autres clients s’écartèrent sur son chemin lorsqu’il s’avança vers le comptoir et le tavernier le remercia généreusement en ramassant la nouvelle moisson d’argent qu’il laissa cliqueter sur le vieux bois.
« Merci beaucoup, Altesse. C’est toujours un plaisir, Altesse. »
« Le plaisir est pour moi, Girish. Mais je dois partir, je suis loin d’avoir fini ma tournée. »
« Où étiez-vous avant cela, Altesse ? »
« Les Deux Racines, comme d’habitude. Il doit déjà y être à cette heure-ci. »
« Et où allez-vous ensuite ? »
Darshanjaar plissa les yeux, ses longs doigts vernis d’argent suivant discrètement le tracé d’une fissure sur le comptoir. Très bonne question, à vrai dire. À quel point allait-il lui compliquer la tâche ?
« La Tête de Tortue, peut-être ? Ou la Lyre et la Flûte. »
Décida-t-il avec un sourire. Ni l’un ni l’autre, en vérité. Il se sentait d’humeur joueuse, aujourd’hui. Il irait à la Corne d’Abondance et verrait combien de temps Altaïr se perdrait sur la fausse piste. Il espérait que son garde du corps soit juste assez efficace pour faire durer le plaisir…
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# Re: L'Aigle et le Renard ;; DarshanjaarMer 20 Jan - 11:12△ V O R A C E ▽
L'Aigle et le Renard
Shani x Altaïr
L’enseigne de la Main Rouge oscille au gré des courants d’air qui traversent la rue. Une simple planche de bois avec l’empreinte d’une main trempée dans la peinture rouge. La personne l’ayant fabriquée n’a pas été suffisamment patiente pour attendre que ce soit sec avant de bouger son travail, car des sillons rouges montrent l’écoulement de la peinture vers le bas. Altaïr s’est toujours demandé si ça avait été volontaire ou non. Le genre de pensées parasites dont la réponse ne changerait rien. Il la regarde une seconde avant d’entrer dans l’établissement. Celui-ci ressemble au premier où il s’est arrêté. Toutes les tavernes se ressemblent, possèdent les mêmes particularités : des habitués, une odeur de friture, d’alcool et de sueur, des catins et des verres qui mériteraient d’être lavés plus souvent. D’une certaine façon, ça a son charme.
A son entrée, les visages se tournent de nouveau vers lui et Altaïr peut déjà voir quelques sourires amusés de la situation. Ce n’est pas la première fois qu’ils jouent tous les deux à ce petit jeu, même si l’un semble se délecter de ce dernier davantage que le second. Il lui suffit d’un rapide coup d’œil sur la salle pour constater qu’il n’est pas là. Cela l’aurait étonné, voire même un peu déçu, que ce soit si facile.
« Ah ! Messire Dhiya ! Nous vous attendions. »
Celui-ci tourne la tête vers Girish, le tavernier, qui l’accueille avec un grand sourire. Altaïr soupire et s’avance vers le comptoir.
« Depuis combien de temps est-il parti ? »
« Difficile à dire. Une quinzaine de minutes ? Peut-être plus. »
« A-t-il dit où il allait ? »
« Il a parlé de la Tête de Tortue et de la Lyre et la Flûte. »
Tandis que l’une des prostituées de la taverne s’approche de lui, Altaïr se passe une main sur le visage avant de laisser son regard venir caresser le décolleté plongeant et les jambes fuselées visibles sous la jupe fendue. Le bruit du verre râclant le bois lui fait reporter son attention sur le bar.
« Je n’ai rien commandé. »
« De la part du prince, Messire. Il a insisté. »
Evidemment. Il se fiche de lui comme à son habitude. Altaïr ne peut empêcher un léger sourire ourler ses lèvres et il attrape le verre pour en boire une gorgée. Cela serait malvenu de refuser le cadeau d’un prince après tout. La catin vient se lover contre lui, passant ses mains sur ses bras et son torse, cherchant son attention. Il laisse sa propre main venir se poser sur sa hanche ferme avant de tourner la tête pour la laisser l’embrasser goulument. Il rompt le contact rapidement.
« Combien t’a-t-il payée pour me ralentir ? »
« Vous vous sous-estimez Messire. »
Dit-elle en souriant. Il lui rend son sourire et termine son verre avant de s’éloigner pour reprendre sa chasse. Quelques pièces tintent sur le comptoir.
« Le verre a déjà été payé Messire. »
« Prenez ça pour le renseignement. »
« Vous pensez qu’il est allé là-bas ? »
« Non. »
Altaïr sourit et quitte la taverne après un dernier remerciement. Dans la rue il soupire et réfléchit un instant. Il connait suffisamment bien son prince pour savoir qu’il n’aurait pas donné sa prochaine destination aussi facilement, bien au contraire. Il raye donc les deux tavernes de sa liste. La journée est encore peu avancée pour qu’il se soit rendu dans les bordels de la ville et vu la façon qu’il a de tenter de brouiller la piste, les fumeries ne sont pas une option non plus. Il reste donc les deux dernières tavernes que Darshanjaar affectionne : le Renard Boiteux ou la Corne d’Abondance. La première étant plus proche, il en prend la direction.
A son entrée, les visages se tournent de nouveau vers lui et Altaïr peut déjà voir quelques sourires amusés de la situation. Ce n’est pas la première fois qu’ils jouent tous les deux à ce petit jeu, même si l’un semble se délecter de ce dernier davantage que le second. Il lui suffit d’un rapide coup d’œil sur la salle pour constater qu’il n’est pas là. Cela l’aurait étonné, voire même un peu déçu, que ce soit si facile.
« Ah ! Messire Dhiya ! Nous vous attendions. »
Celui-ci tourne la tête vers Girish, le tavernier, qui l’accueille avec un grand sourire. Altaïr soupire et s’avance vers le comptoir.
« Depuis combien de temps est-il parti ? »
« Difficile à dire. Une quinzaine de minutes ? Peut-être plus. »
« A-t-il dit où il allait ? »
« Il a parlé de la Tête de Tortue et de la Lyre et la Flûte. »
Tandis que l’une des prostituées de la taverne s’approche de lui, Altaïr se passe une main sur le visage avant de laisser son regard venir caresser le décolleté plongeant et les jambes fuselées visibles sous la jupe fendue. Le bruit du verre râclant le bois lui fait reporter son attention sur le bar.
« Je n’ai rien commandé. »
« De la part du prince, Messire. Il a insisté. »
Evidemment. Il se fiche de lui comme à son habitude. Altaïr ne peut empêcher un léger sourire ourler ses lèvres et il attrape le verre pour en boire une gorgée. Cela serait malvenu de refuser le cadeau d’un prince après tout. La catin vient se lover contre lui, passant ses mains sur ses bras et son torse, cherchant son attention. Il laisse sa propre main venir se poser sur sa hanche ferme avant de tourner la tête pour la laisser l’embrasser goulument. Il rompt le contact rapidement.
« Combien t’a-t-il payée pour me ralentir ? »
« Vous vous sous-estimez Messire. »
Dit-elle en souriant. Il lui rend son sourire et termine son verre avant de s’éloigner pour reprendre sa chasse. Quelques pièces tintent sur le comptoir.
« Le verre a déjà été payé Messire. »
« Prenez ça pour le renseignement. »
« Vous pensez qu’il est allé là-bas ? »
« Non. »
Altaïr sourit et quitte la taverne après un dernier remerciement. Dans la rue il soupire et réfléchit un instant. Il connait suffisamment bien son prince pour savoir qu’il n’aurait pas donné sa prochaine destination aussi facilement, bien au contraire. Il raye donc les deux tavernes de sa liste. La journée est encore peu avancée pour qu’il se soit rendu dans les bordels de la ville et vu la façon qu’il a de tenter de brouiller la piste, les fumeries ne sont pas une option non plus. Il reste donc les deux dernières tavernes que Darshanjaar affectionne : le Renard Boiteux ou la Corne d’Abondance. La première étant plus proche, il en prend la direction.
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# Re: L'Aigle et le Renard ;; DarshanjaarJeu 21 Jan - 11:40
L'Aigle et le Renard
18 janvier 200. Le chasseur tend l'oreille. Je retiens mon souffle pour écouter tes pas, toujours dans mon sillage...
La Corne d’Abondance n’était pas une taverne. C’était une auberge et elle ne jouait clairement pas sur le même pied que les autres. Ici, il y avait des nappes sur les tables, les chandelles étaient de cire et non de suif et toutes les victuailles fraîches du matin ou presque, à l’exception notable du vin. De fait, elle ne se trouvait pas dans le même quartier que la Main Rouge. Darshanjaar n’y allait pas souvent parce qu’il avait la fâcheuse habitude d’y croiser gens qu’il devait déjà côtoyer au palais. En fait, il venait essentiellement pour voir le personnel se tortiller devant lui, déboucher leurs meilleurs crus et parce que leur cuisinier avait véritablement de l’or dans les mains. C’était un petit homme boiteux aux doigts déformés par la goutte qui avait poliment refusé son offre lorsqu’il lui avait proposé de le prendre à son service au palais, parce qu’il préférait travailler dans l’auberge aux côtés de son fils et de sa bru et écouter les récits de voyages des marchands plutôt que les ragots de la cour. Darshanjaar avait été on ne peut plus surpris par cette réponse à l’époque. Il avait songé à faire fouetter l’homme pour son insolence, puis avait bien du reconnaître qu’il avait raisons sur tous les plans et s’était contenté de lui offrir une somme monstrueuse de fidems. Il continuait de venir à l’auberge de temps à autre quand il faisait tourner son garde du corps en bourrique, s’installait sur une chaise dans les cuisines avec un cruchon de vin d’Ardere et il discutait tout en le regardant travailler. C’était fascinant.
« Bien le bonjour, Roshan. Quelle superbe journée, n’est-ce pas ? »
« Bonjour, votre Altesse. Vous dites cela parce que vous faites courir votre serviteur ? »
« Oui, et parce qu’un bel orage s’annonce. Mais ne fais pas cette tête, je t’assure qu’il n’est pas à plaindre. Non seulement je veille à ce qu’il ne s’empâte pas trop à la cour, mais en plus je me saigne aux quatre veines pour que l’exercice ne soit pas trop désagréable. Tu connais Ritika, de la Main Rouge ? »
« Non, votre Altesse. »
« Et bien à l’heure qu’il est, je peux t’assurer que lui la connaît de très près. Elle est charmante. Elle n’a pas inventé le lait chaud mais elle est charmante. »
« Je suis ravi de voir que vous vous amusez bien, votre Altesse. Souhaitez-vous manger quelque chose ? J’ai de petits soufflés aux graines d’iziane qui sortent tout juste du four. »
« Est-ce que ça ira bien avec mon vin ? »
« Les graines d’iziane vont avec tout. »
« Alors je veux bien goûter. »
Les soufflés se mariaient en effet à merveille avec le contenu de son verre. Il en mangea trois ou quatre tout en continuant de boire et de discuter, jusqu’à se retrouver plongé dans un état de douce euphorie. Dans ces moments-là, ces brefs moments où chaque chose lui apparaissait simple, claire et paisible, il lui semblait que la vie n’était pas le calvaire qu’elle était. D’autres fois, cela lui apportait seulement la conviction que c’était le pouvoir qui corrompait l’existence et que tout le marbre sculpté, le bois précieux et le cristal scintillant du palais était une bien maigre consolation pour patauger dans la fange humaine qui le peuplait, y ourdissait jour après jour des complots répugnants. Roshan avait eu mille fois raison de décliner son offre. Tous deux y gagnaient clairement au change.
Le vieil homme boita jusqu’à l’énorme four à pierres qui grondait au fond de la pièce et en sortit trois plats d’oies rôties aux racines sauvages et fruits des bois. Le fumet capiteux et la brusque vague de chaleur le sortit de ses pensées. Il vida son cruchon d’une traite et se leva de sa chaise. Son esprit était encore à peu près limpide mais il ne résisterait sans doute pas à deux ou trois verres de plus.
« Je dois partir, Roshan. L’heure tourne et je ne voudrais pas trop lui faciliter la tâche. »
« Où allez-vous ensuite ? »
« Je ne sais pas… Sans doute pas dans une taverne. J’ai besoin d’un peu d’air frais. »
« Soyez prudent, votre Altesse. »
Un sourire torve éclaira son visage et il jeta un regard plein de morgue au vieil homme, complètement déserté par la tranquillité à laquelle il venait de goûter en sa compagnie. Sa voix coula comme du miel de ses lèvres lorsqu’il répondit :
« Allons, Roshan. Que pourrait-il m’arriver de si terrible si je ne l’étais pas ? »
Rien, à l’évidence. Rien de pire que ce qu’il avait déjà vécu. Il laissait la prudence aux autres, à ceux dont les vies insignifiantes leur permettait de se satisfaire de peu. Lui était là pour dévorer le monde, du meilleur au pire. Il quitta les cuisines et la Corne d’Abondance sans un regard en arrière, inspira à plein poumons l’air humide, lourd et chargé de sa capitale. La brume tropicale masquait le ciel, tamisait de vert et d’or la lumière qui retombait sur la ville, étendue sur le pourtour du lac comme un animal repu. Les constructions cubiques de pierres et d’argile, les quartiers, les canaux, les places, les arbres bouillonnant au-dessus de la tentaculaire toile de sa cité, majestueuse, brillante, hautaine comme une courtisane, désirable et détestable tout à la fois. Darshanjaar avait envie d’elle autant qu’il voulait s’en arracher. Cette contradiction le travaillait au plus profond de lui-même sur le seuil de la Corne d’Abondance. Il savait ce qu’il allait faire, où il allait aller. Ce n’était clairement pas une bonne idée.
Rajustant le lourd collier doré qui lui cerclait le cou jusqu’aux clavicules, il donna quelques pièces à un passeur qui somnolait près de son bac. D’autres clients patientaient avant lui mais il les ignora tous et ceux qui voulaient protester s’abstinrent en voyant son allure, sa démarche, tous les bijoux qu’il portait et l’emblème d’or et de tanzanite qui ornait sa gorge par-dessus les écailles du collier. Le passeur baissa docilement la tête sous son chapeau de paille lorsque le prince lui fit part de sa destination, sans même songer à dire un mot. Pourtant, beaucoup refusaient quand on leur demandait Trerrun, un des quartiers les plus mal famés de la capitale mais Darshanjaar n’aurait pas toléré un refus, pas cette fois. Le jeu avait changé. Les règles étaient devenues aussi âpres que son humeur. Il allait se perdre au marché de Trerrun, là où on pouvait acheter presque tout ce qu’un homme pouvait désirer, si tordus soient ses souhaits. C’était dangereux, même pour lui. Tant pis. Ce n’est pas comme s’il avait peur ou quoi que ce soit à perdre. De toute manière, Altaïr était sur ses traces…
« Bien le bonjour, Roshan. Quelle superbe journée, n’est-ce pas ? »
« Bonjour, votre Altesse. Vous dites cela parce que vous faites courir votre serviteur ? »
« Oui, et parce qu’un bel orage s’annonce. Mais ne fais pas cette tête, je t’assure qu’il n’est pas à plaindre. Non seulement je veille à ce qu’il ne s’empâte pas trop à la cour, mais en plus je me saigne aux quatre veines pour que l’exercice ne soit pas trop désagréable. Tu connais Ritika, de la Main Rouge ? »
« Non, votre Altesse. »
« Et bien à l’heure qu’il est, je peux t’assurer que lui la connaît de très près. Elle est charmante. Elle n’a pas inventé le lait chaud mais elle est charmante. »
« Je suis ravi de voir que vous vous amusez bien, votre Altesse. Souhaitez-vous manger quelque chose ? J’ai de petits soufflés aux graines d’iziane qui sortent tout juste du four. »
« Est-ce que ça ira bien avec mon vin ? »
« Les graines d’iziane vont avec tout. »
« Alors je veux bien goûter. »
Les soufflés se mariaient en effet à merveille avec le contenu de son verre. Il en mangea trois ou quatre tout en continuant de boire et de discuter, jusqu’à se retrouver plongé dans un état de douce euphorie. Dans ces moments-là, ces brefs moments où chaque chose lui apparaissait simple, claire et paisible, il lui semblait que la vie n’était pas le calvaire qu’elle était. D’autres fois, cela lui apportait seulement la conviction que c’était le pouvoir qui corrompait l’existence et que tout le marbre sculpté, le bois précieux et le cristal scintillant du palais était une bien maigre consolation pour patauger dans la fange humaine qui le peuplait, y ourdissait jour après jour des complots répugnants. Roshan avait eu mille fois raison de décliner son offre. Tous deux y gagnaient clairement au change.
Le vieil homme boita jusqu’à l’énorme four à pierres qui grondait au fond de la pièce et en sortit trois plats d’oies rôties aux racines sauvages et fruits des bois. Le fumet capiteux et la brusque vague de chaleur le sortit de ses pensées. Il vida son cruchon d’une traite et se leva de sa chaise. Son esprit était encore à peu près limpide mais il ne résisterait sans doute pas à deux ou trois verres de plus.
« Je dois partir, Roshan. L’heure tourne et je ne voudrais pas trop lui faciliter la tâche. »
« Où allez-vous ensuite ? »
« Je ne sais pas… Sans doute pas dans une taverne. J’ai besoin d’un peu d’air frais. »
« Soyez prudent, votre Altesse. »
Un sourire torve éclaira son visage et il jeta un regard plein de morgue au vieil homme, complètement déserté par la tranquillité à laquelle il venait de goûter en sa compagnie. Sa voix coula comme du miel de ses lèvres lorsqu’il répondit :
« Allons, Roshan. Que pourrait-il m’arriver de si terrible si je ne l’étais pas ? »
Rien, à l’évidence. Rien de pire que ce qu’il avait déjà vécu. Il laissait la prudence aux autres, à ceux dont les vies insignifiantes leur permettait de se satisfaire de peu. Lui était là pour dévorer le monde, du meilleur au pire. Il quitta les cuisines et la Corne d’Abondance sans un regard en arrière, inspira à plein poumons l’air humide, lourd et chargé de sa capitale. La brume tropicale masquait le ciel, tamisait de vert et d’or la lumière qui retombait sur la ville, étendue sur le pourtour du lac comme un animal repu. Les constructions cubiques de pierres et d’argile, les quartiers, les canaux, les places, les arbres bouillonnant au-dessus de la tentaculaire toile de sa cité, majestueuse, brillante, hautaine comme une courtisane, désirable et détestable tout à la fois. Darshanjaar avait envie d’elle autant qu’il voulait s’en arracher. Cette contradiction le travaillait au plus profond de lui-même sur le seuil de la Corne d’Abondance. Il savait ce qu’il allait faire, où il allait aller. Ce n’était clairement pas une bonne idée.
Rajustant le lourd collier doré qui lui cerclait le cou jusqu’aux clavicules, il donna quelques pièces à un passeur qui somnolait près de son bac. D’autres clients patientaient avant lui mais il les ignora tous et ceux qui voulaient protester s’abstinrent en voyant son allure, sa démarche, tous les bijoux qu’il portait et l’emblème d’or et de tanzanite qui ornait sa gorge par-dessus les écailles du collier. Le passeur baissa docilement la tête sous son chapeau de paille lorsque le prince lui fit part de sa destination, sans même songer à dire un mot. Pourtant, beaucoup refusaient quand on leur demandait Trerrun, un des quartiers les plus mal famés de la capitale mais Darshanjaar n’aurait pas toléré un refus, pas cette fois. Le jeu avait changé. Les règles étaient devenues aussi âpres que son humeur. Il allait se perdre au marché de Trerrun, là où on pouvait acheter presque tout ce qu’un homme pouvait désirer, si tordus soient ses souhaits. C’était dangereux, même pour lui. Tant pis. Ce n’est pas comme s’il avait peur ou quoi que ce soit à perdre. De toute manière, Altaïr était sur ses traces…
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# Re: L'Aigle et le Renard ;; DarshanjaarLun 25 Jan - 11:02△ V O R A C E ▽
L'Aigle et le Renard
Shani x Altaïr
Le patron du Renard Boiteux n’avait pas vu le Prince depuis un long moment et son regard étonné quand il avait vu Altaïr entrer dans son établissement avait suffi pour indiquer à ce dernier son erreur. Il était ressorti en jurant, prenant la direction de la Corne d’Abondance au plus vite. Tout en traversant les rues, le jeune homme lève les yeux vers le ciel qui se charge encore d’électricité. L’orage approche et il peut sentir dans l’atmosphère de la ville l’impatience des habitants. Lui, ça ne lui plait pas. Il ignore pourquoi, mais une petite étincelle s’allume en lui, très légère, lui soufflant que quelque chose ne va pas, sans qu’il n’en sache la raison. En dix ans au service du prince Darshanjaar, s’il y a bien une chose qu’il a appris, c’est de faire confiance à son intuition. En l’occurrence, son instinct commence à fourmiller sous sa peau de façon désagréable et il presse le pas.
La Corne d’Abondance est l’un des établissements que préfère son prince, notamment grâce à son prestige, bien qu’il n’y aille pas souvent à cause des rencontres qu’il peut y faire. Altaïr peut parfaitement le comprendre : à quoi bon quitter la cour si c’est pour y croiser les courtisans en ville ? Il se souvient encore du désir de Darshanjaar de recruter l’aubergiste, Roshan, pour son propre service avant de faire face à un refus. Il s’était amusé de sa réaction. Les membres de la royauté n’avaient pas l’habitude de se voir refuser une telle offre. Se frayant un chemin parmi les habitants de Seden, Altaïr presse de nouveau le pas, sentant le fourmillement s’accentuer. Il aurait pu mettre ça sur le compte de l’orage approchant mais l’expérience lui souffle que cela n’a rien à voir. Dès qu’il aperçoit l’enseigne de l’auberge, il court presque. Encore une fois, lorsqu’il entre à l’intérieur, les regards se tournent vers lui.
« Messire Dhiya, quel plaisir de vous voir ici. »
La femme qui l’accueille avec un large sourire est l’une des propriétaires des lieux, avec son mari et son beau-père. Flora est une femme rondelette ayant toujours le sourire mais sachant très bien comment se faire respecter dans son milieu. Personne ne lui cherche des ennuis s’il souhaite sortir de l’auberge avec toute sa dignité et sa fierté.
« Flora. Plaisir partagé. Est-il encore ici ? »
« Non, je suis navrée. Vous l’avez loupé de peu. »
Altaïr claque la langue contre son palais au moment où la porte de la cuisine s’ouvre pour laisser passer Roshan, des assiettes dans les mains. Le vieux monsieur sourit en le voyant et le salue à son tour.
« A-t-il dit quelque chose sur sa prochaine destination ? »
« Seulement qu’il souhaitait prendre l’air, Messire. Souhaitez-vous goûter un soufflé aux graines d’iziane avant de partir ? »
« Non, désolé. Une prochaine fois. Merci beaucoup et bonne soirée. »
Sans attendre, le garde quitte l’auberge. Il l’a loupé de peu, donc le prince ne devait pas être très loin. Sur le seuil de l’établissement, Altaïr laisse son regard balayer la foule, espérant apercevoir la silhouette familière, mais en vain. Le fourmillement devient plus fort, l’inquiétude grandit. Quelque chose ne va pas. Vraiment pas. Ses yeux se perdent dans la direction de Trerrun et il jure avant d’en prendre la direction au plus vite. Avec un peu de chance, il peut le rattraper avant qu’il ne traverse. Il ignore les protestations des gens qu’il bouscule tandis qu’il se met à courir vers le canal. Votre Altesse, que faites-vous… Il ne lui faut que quelques minutes pour arriver au bord de l’eau et il se met immédiatement en recherches, observant les gens qui patientent encore et les barques qui font les voyages d’une rive à l’autre. Là-bas, il le voit tandis que le bac amarre déjà à l’opposé. Il jure de nouveau et cherche un passeur à son tour.
Des jurons l’accueillent quand Altaïr dépasse les gens qui patientent, mais il les ignore et s’arrête devant l’homme qui revient à peine de la rive opposée.
« Emmène-moi, vite. »
« Y’a des gens avant. »
N’ayant plus de patience, il l’attrape par le col de sa tunique rapiécée.
« Fais-moi traverser. Tout. De. Suite. »
Un éclat de lumière vient se refléter sur la broche qu’il porte sur sa tenue et l’autre blêmit en reconnaissant les armoiries. Il acquiesce avec ardeur et prépare le voyage retour. Altaïr s’installe, le regard fixé sur le quartier qui s’étend de l’autre côté. Le prince est déjà hors de vue et le mauvais pressentiment qu’il ressent ne fait qu’accroître.
La Corne d’Abondance est l’un des établissements que préfère son prince, notamment grâce à son prestige, bien qu’il n’y aille pas souvent à cause des rencontres qu’il peut y faire. Altaïr peut parfaitement le comprendre : à quoi bon quitter la cour si c’est pour y croiser les courtisans en ville ? Il se souvient encore du désir de Darshanjaar de recruter l’aubergiste, Roshan, pour son propre service avant de faire face à un refus. Il s’était amusé de sa réaction. Les membres de la royauté n’avaient pas l’habitude de se voir refuser une telle offre. Se frayant un chemin parmi les habitants de Seden, Altaïr presse de nouveau le pas, sentant le fourmillement s’accentuer. Il aurait pu mettre ça sur le compte de l’orage approchant mais l’expérience lui souffle que cela n’a rien à voir. Dès qu’il aperçoit l’enseigne de l’auberge, il court presque. Encore une fois, lorsqu’il entre à l’intérieur, les regards se tournent vers lui.
« Messire Dhiya, quel plaisir de vous voir ici. »
La femme qui l’accueille avec un large sourire est l’une des propriétaires des lieux, avec son mari et son beau-père. Flora est une femme rondelette ayant toujours le sourire mais sachant très bien comment se faire respecter dans son milieu. Personne ne lui cherche des ennuis s’il souhaite sortir de l’auberge avec toute sa dignité et sa fierté.
« Flora. Plaisir partagé. Est-il encore ici ? »
« Non, je suis navrée. Vous l’avez loupé de peu. »
Altaïr claque la langue contre son palais au moment où la porte de la cuisine s’ouvre pour laisser passer Roshan, des assiettes dans les mains. Le vieux monsieur sourit en le voyant et le salue à son tour.
« A-t-il dit quelque chose sur sa prochaine destination ? »
« Seulement qu’il souhaitait prendre l’air, Messire. Souhaitez-vous goûter un soufflé aux graines d’iziane avant de partir ? »
« Non, désolé. Une prochaine fois. Merci beaucoup et bonne soirée. »
Sans attendre, le garde quitte l’auberge. Il l’a loupé de peu, donc le prince ne devait pas être très loin. Sur le seuil de l’établissement, Altaïr laisse son regard balayer la foule, espérant apercevoir la silhouette familière, mais en vain. Le fourmillement devient plus fort, l’inquiétude grandit. Quelque chose ne va pas. Vraiment pas. Ses yeux se perdent dans la direction de Trerrun et il jure avant d’en prendre la direction au plus vite. Avec un peu de chance, il peut le rattraper avant qu’il ne traverse. Il ignore les protestations des gens qu’il bouscule tandis qu’il se met à courir vers le canal. Votre Altesse, que faites-vous… Il ne lui faut que quelques minutes pour arriver au bord de l’eau et il se met immédiatement en recherches, observant les gens qui patientent encore et les barques qui font les voyages d’une rive à l’autre. Là-bas, il le voit tandis que le bac amarre déjà à l’opposé. Il jure de nouveau et cherche un passeur à son tour.
Des jurons l’accueillent quand Altaïr dépasse les gens qui patientent, mais il les ignore et s’arrête devant l’homme qui revient à peine de la rive opposée.
« Emmène-moi, vite. »
« Y’a des gens avant. »
N’ayant plus de patience, il l’attrape par le col de sa tunique rapiécée.
« Fais-moi traverser. Tout. De. Suite. »
Un éclat de lumière vient se refléter sur la broche qu’il porte sur sa tenue et l’autre blêmit en reconnaissant les armoiries. Il acquiesce avec ardeur et prépare le voyage retour. Altaïr s’installe, le regard fixé sur le quartier qui s’étend de l’autre côté. Le prince est déjà hors de vue et le mauvais pressentiment qu’il ressent ne fait qu’accroître.
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# Re: L'Aigle et le Renard ;; DarshanjaarMer 3 Fév - 10:58
L'Aigle et le Renard
18 janvier 200. Le chasseur tend l'oreille. Je retiens mon souffle pour écouter tes pas, toujours dans mon sillage...
Trerrun commençait bien avant sa frontière. Avant même d’atteindre la multitude de pontons enchevêtrés qui avançaient sur le lac, de se laisser happer par les constructions sur pilotis qui semblaient constamment à deux doigts de s’effondrer dans l’eau saumâtre à leurs pieds, on y était déjà plongé de gré ou de force. C’était là que se trouvait le quartier des tanneries. L’odeur des peaux de bêtes pourries et des bains corrosifs prenait à la gorge à quelques encablures des quais. Il la sentait lui râper les poumons de ses relents caustiques, répugnants. Il avait l’impression de la voir s’agiter comme un essaim de mouches au-dessus du taudis à l’architecture chaotique, grouiller dans les semblants de rues qu’il commençait à distinguer depuis le bac. Mais ce n’était que les gens qui vivaient là, pour la plupart efflanqués et hirsutes comme une bande de rats d’égouts, pourris des entrailles à la bouche par le cloaque où ils vivaient chaque jour, rompus à la rapine, au meurtre, au viol et à toutes sortes de vices infâmes. Cela le fit sourire alors qu’il lui semblait sentir l’haleine aigrie par la peur du passeur derrière lui. La population de Trerrun était aussi immonde que l’endroit qui l’avait vue naître, sans qu’on ne puisse deviner lequel avait initialement modelé l’autre à son image.
Darshanjaar se leva tandis que le bac accostait avec prudence au premier quai venu, étincelant de morgue et de richesse dans ses fines soieries et ses bijoux précieux, comme une étoile tombée dans la fange. Il sentait sur lui les regards torves, brillants de haine ou de convoitise tels les pointes de dizaines de flèches parées dans l’ombre alors qu’il posait le pied sans crainte sur les planches de bois vermoulues et grinçantes. Oh, il était en danger, il le savait. Ce danger se ferait plus saillant à chaque seconde, chaque souffle, chaque battement de cœur qu’il passerait dans les vapeurs immondes de ce taudis. Et pourtant cette idée le réjouissait, lui donnait envie de rire alors même que ce lieu heurtait chacun de ses sens et qu’avant une heure, la migraine et la nausée lui ôteraient toute gaieté de l’esprit.
Pris d’une intuition soudaine, il se tourna vers le lac et porta les yeux sur l’endroit d’où il venait, l’autre rive riante et belle, couronnée de jolies bâtisses blanches qui flamboyaient sous un reste de soleil tandis que des nuages de plomb arrivaient du sud. Leur gris épais et compact découpait encore plus nettement la silhouette du palais surplombant la ville mais Darshanjaar ne se souciait pas du monumental édifice. Ses yeux scrutaient les quais où il ne pouvait guère distinguer les humains qui allaient et venaient. Pourtant, il était sûr qu’il se trouvait là. Si proche et si loin, si dévoué et impuissant face à la destruction avec laquelle il jonglait négligemment, si acharné malgré tout. Il sourit à nouveau, porta ses doigts à ses lèvres pour souffler un baiser vers l’autre rive, puis se détourna pour s’enfoncer dans le dédale crasseux de Trerrun.
« À vous, Messieurs. »
Son adversaire lui jeta un regard mauvais par-dessus l’éventail de ses cartes. Il lui sourit innocemment, attendant patiemment son tour. Il était tombé sur cette maison de jeux par hasard. Comment s’appelait-elle, déjà ? Quelque chose avec Fortune dedans lui semblait-il mais en vérité il avait déjà oublié. Il n’avait jamais mis les pieds dans cet endroit avant ce jour et il considérait avec un intérêt vaguement mâtiné de dégoût les cartes graisseuses dans ses mains, l’atmosphère lourde et enfumée qui poissait ses vêtements ou les trois autres joueurs qui lui faisaient face. Une grande femme aux épaules musculeuses, aux traits anguleux et racés malgré la cicatrice qui lui barrait la mâchoire et la bouche, un mercenaire au crâne rasé et aux mains gigantesques qui ne cessait de gratter une éruption de boutons sur sa joue hirsute quand il ne piochait pas de bonnes cartes et un homme élégant à la peau claire avec une fine moustache, vêtu de cuir rouge. Celui-là cachait une arme dans chacune de ses manches, c’est-à-dire une de moins que la femme qui en portait au minimum une autre sous son manteau élimé.
Puisqu’il menait le jeu, Darshanjaar la considérait de temps à autre et elle lui rendait invariablement un regard qui se serait accompagné sans mal d’un crachat à ses pieds. Ça l’amusait beaucoup. Elle n’avait pas dit un seul mot depuis le début de la partie et il la soupçonnait d’être muette. Elle aurait pu être belle mais elle ne voulait sans doute pas être belle. Uniquement rude et chanceuse aux cartes, ce qui n’était pas le cas aujourd’hui. Quand son tour vint et qu’il posa sa combinaison devant lui, le mercenaire serra le poing, plissant les yeux sur lui.
« Tu triches. »
« Non. Tu es mauvais joueur. »
L’autre répondit en saisissant le manche d’un lourd coutelas à sa ceinture et il l’abattit à grand bruit sur la table, faisant tanguer les verres. Le silence tomba sur le sous-sol enfumé, les regards se tournèrent vers leur table. Darshanjaar resta immobile, nullement impressionné.
« T’es qu’un sale enfoiré de tricheur, aristo de mes deux. »
« Qu’est-ce qui te pose le plus de problèmes, exactement ? »
« Il a raison. Vous trichez, très cher. »
Un sourire lui fendit les lèvres tandis qu’il se tournait vers l’homme en rouge qui venait de parler. Il avait une voix très agréable, chaude et onctueuse, comme du miel coulant sur la lame d’un rasoir. C’était le genre de voix qui vous chuchotait de douces promesses tandis qu’un couteau aiguisé vous tutoyait la carotide et l’excitation lui réchauffa le sang tandis qu’il imaginait le souffle de cet homme sur le pavillon de son oreille.
« Si vous qualifiez de tricheur un joueur intelligent, je me demande comment on appelle les gens comme vous. »
« Des joueurs honnêtes, peut-être. »
« Des joueurs honnêtes qui se mettent à trois pour plumer les pigeons fraîchement tombés dans ce bouge. Oh, inutile de chercher le Dix d’épées bleu dans votre nouvelle main, ma Dame. C’est moi qui l’ai récupéré au tour d’avant, malgré tous les efforts de vos compères pour vous le passer. »
Le mercenaire se releva brusquement en faisant basculer sa chaise et planta son coutelas dans le bois de la table.
« Je vais te saigner comme un goret et on verra si tu fais le fier encore longtemps, fils de pute ! »
« Sans qu’il soit besoin d’en arriver là, vous auriez du vous montrer plus prudent, votre Altesse. »
« Tiens donc. Et pourquoi cela ? »
« Vos royaux parents seraient dévastés qu’il vous arrive quelque chose, n’est-ce pas ? Ils paieraient sans doute très cher pour que vous leur soyez rendu sain et sauf. Ou simplement en vie. »
Darshanjaar pouffa de rire mais demeura immobile bien que tous ses muscles soient tendus, prêts à bondir. Par l’ouverture garnie de barreaux qui donnait sur la rue au ras du pavé, un roulement de tonnerre couvrit le silence électrique du sous-sol. Il sentit sa peau se couvrir de frissons, de picotements familiers au niveau de tous les bijoux de métal dont il était couvert. La foudre approchait. Il savait qu’il n’était pas le seul à la sentir. À sa gauche, la femme avait maintenant une lame courbe dans chaque main, sans qu’il n’ait vu le geste avec lequel elle s’en était emparées. Elle était dangereuse. Sans doute la plus dangereuse à cette table, même si elle n’était pas la meneuse. Elle plairait beaucoup à Altaïr. Il sourit avec amusement en songeant à son serviteur et reporta son regard sur l’homme en rouge.
« Très cher, en effet. Au moins autant que les soldes de toute l’armée qu’ils enverront à ma recherche. »
« Encore faudrait-il qu’il sache ou vous vous trouviez et vous pouvez disparaître très facilement à Trerrun. »
« Ô Lumière, quelle douce perspective… »
Il ne s’était pas trompé. Sa voix lui donnait des frissons.
Darshanjaar se leva tandis que le bac accostait avec prudence au premier quai venu, étincelant de morgue et de richesse dans ses fines soieries et ses bijoux précieux, comme une étoile tombée dans la fange. Il sentait sur lui les regards torves, brillants de haine ou de convoitise tels les pointes de dizaines de flèches parées dans l’ombre alors qu’il posait le pied sans crainte sur les planches de bois vermoulues et grinçantes. Oh, il était en danger, il le savait. Ce danger se ferait plus saillant à chaque seconde, chaque souffle, chaque battement de cœur qu’il passerait dans les vapeurs immondes de ce taudis. Et pourtant cette idée le réjouissait, lui donnait envie de rire alors même que ce lieu heurtait chacun de ses sens et qu’avant une heure, la migraine et la nausée lui ôteraient toute gaieté de l’esprit.
Pris d’une intuition soudaine, il se tourna vers le lac et porta les yeux sur l’endroit d’où il venait, l’autre rive riante et belle, couronnée de jolies bâtisses blanches qui flamboyaient sous un reste de soleil tandis que des nuages de plomb arrivaient du sud. Leur gris épais et compact découpait encore plus nettement la silhouette du palais surplombant la ville mais Darshanjaar ne se souciait pas du monumental édifice. Ses yeux scrutaient les quais où il ne pouvait guère distinguer les humains qui allaient et venaient. Pourtant, il était sûr qu’il se trouvait là. Si proche et si loin, si dévoué et impuissant face à la destruction avec laquelle il jonglait négligemment, si acharné malgré tout. Il sourit à nouveau, porta ses doigts à ses lèvres pour souffler un baiser vers l’autre rive, puis se détourna pour s’enfoncer dans le dédale crasseux de Trerrun.
« À vous, Messieurs. »
Son adversaire lui jeta un regard mauvais par-dessus l’éventail de ses cartes. Il lui sourit innocemment, attendant patiemment son tour. Il était tombé sur cette maison de jeux par hasard. Comment s’appelait-elle, déjà ? Quelque chose avec Fortune dedans lui semblait-il mais en vérité il avait déjà oublié. Il n’avait jamais mis les pieds dans cet endroit avant ce jour et il considérait avec un intérêt vaguement mâtiné de dégoût les cartes graisseuses dans ses mains, l’atmosphère lourde et enfumée qui poissait ses vêtements ou les trois autres joueurs qui lui faisaient face. Une grande femme aux épaules musculeuses, aux traits anguleux et racés malgré la cicatrice qui lui barrait la mâchoire et la bouche, un mercenaire au crâne rasé et aux mains gigantesques qui ne cessait de gratter une éruption de boutons sur sa joue hirsute quand il ne piochait pas de bonnes cartes et un homme élégant à la peau claire avec une fine moustache, vêtu de cuir rouge. Celui-là cachait une arme dans chacune de ses manches, c’est-à-dire une de moins que la femme qui en portait au minimum une autre sous son manteau élimé.
Puisqu’il menait le jeu, Darshanjaar la considérait de temps à autre et elle lui rendait invariablement un regard qui se serait accompagné sans mal d’un crachat à ses pieds. Ça l’amusait beaucoup. Elle n’avait pas dit un seul mot depuis le début de la partie et il la soupçonnait d’être muette. Elle aurait pu être belle mais elle ne voulait sans doute pas être belle. Uniquement rude et chanceuse aux cartes, ce qui n’était pas le cas aujourd’hui. Quand son tour vint et qu’il posa sa combinaison devant lui, le mercenaire serra le poing, plissant les yeux sur lui.
« Tu triches. »
« Non. Tu es mauvais joueur. »
L’autre répondit en saisissant le manche d’un lourd coutelas à sa ceinture et il l’abattit à grand bruit sur la table, faisant tanguer les verres. Le silence tomba sur le sous-sol enfumé, les regards se tournèrent vers leur table. Darshanjaar resta immobile, nullement impressionné.
« T’es qu’un sale enfoiré de tricheur, aristo de mes deux. »
« Qu’est-ce qui te pose le plus de problèmes, exactement ? »
« Il a raison. Vous trichez, très cher. »
Un sourire lui fendit les lèvres tandis qu’il se tournait vers l’homme en rouge qui venait de parler. Il avait une voix très agréable, chaude et onctueuse, comme du miel coulant sur la lame d’un rasoir. C’était le genre de voix qui vous chuchotait de douces promesses tandis qu’un couteau aiguisé vous tutoyait la carotide et l’excitation lui réchauffa le sang tandis qu’il imaginait le souffle de cet homme sur le pavillon de son oreille.
« Si vous qualifiez de tricheur un joueur intelligent, je me demande comment on appelle les gens comme vous. »
« Des joueurs honnêtes, peut-être. »
« Des joueurs honnêtes qui se mettent à trois pour plumer les pigeons fraîchement tombés dans ce bouge. Oh, inutile de chercher le Dix d’épées bleu dans votre nouvelle main, ma Dame. C’est moi qui l’ai récupéré au tour d’avant, malgré tous les efforts de vos compères pour vous le passer. »
Le mercenaire se releva brusquement en faisant basculer sa chaise et planta son coutelas dans le bois de la table.
« Je vais te saigner comme un goret et on verra si tu fais le fier encore longtemps, fils de pute ! »
« Sans qu’il soit besoin d’en arriver là, vous auriez du vous montrer plus prudent, votre Altesse. »
« Tiens donc. Et pourquoi cela ? »
« Vos royaux parents seraient dévastés qu’il vous arrive quelque chose, n’est-ce pas ? Ils paieraient sans doute très cher pour que vous leur soyez rendu sain et sauf. Ou simplement en vie. »
Darshanjaar pouffa de rire mais demeura immobile bien que tous ses muscles soient tendus, prêts à bondir. Par l’ouverture garnie de barreaux qui donnait sur la rue au ras du pavé, un roulement de tonnerre couvrit le silence électrique du sous-sol. Il sentit sa peau se couvrir de frissons, de picotements familiers au niveau de tous les bijoux de métal dont il était couvert. La foudre approchait. Il savait qu’il n’était pas le seul à la sentir. À sa gauche, la femme avait maintenant une lame courbe dans chaque main, sans qu’il n’ait vu le geste avec lequel elle s’en était emparées. Elle était dangereuse. Sans doute la plus dangereuse à cette table, même si elle n’était pas la meneuse. Elle plairait beaucoup à Altaïr. Il sourit avec amusement en songeant à son serviteur et reporta son regard sur l’homme en rouge.
« Très cher, en effet. Au moins autant que les soldes de toute l’armée qu’ils enverront à ma recherche. »
« Encore faudrait-il qu’il sache ou vous vous trouviez et vous pouvez disparaître très facilement à Trerrun. »
« Ô Lumière, quelle douce perspective… »
Il ne s’était pas trompé. Sa voix lui donnait des frissons.
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# Re: L'Aigle et le Renard ;; DarshanjaarJeu 25 Fév - 21:38△ V O R A C E ▽
L'Aigle et le Renard
Shani x Altaïr
L’odeur du quartier de Trerrun est, pour lui, l’une des pires qui soit. Altaïr fronce le nez tandis que la barque traverse le canal, se faufilant parmi les pontons et autres constructions sur pilotis. Le pressentiment qui avait pris naissance au creux de son ventre ne fait que s’accroître à mesure qu’il approche des quais. Jusque-là, le prince ne cherchait qu’à se jouer de lui en passant d’une taverne à une autre. C’était un jeu habituel qu’Altaïr acceptait presque volontiers si cela pouvait permettre au prince de se changer un minimum les idées. Mais lorsque le jeu changeait de direction, comme aujourd’hui, il regrettait très rapidement de ne pas lui avoir mis la main dessus plus tôt. Darshanjaar était un expert quand il s’agissait d’attirer les ennuis à lui, parce qu’il semblait se fiche complètement des dangers qui le guettaient et le garde sait pourquoi. Sa négativité est un fléau, au sens propre comme un figuré et il doit continuer de se battre pour qu’elle finisse par reculer un jour.
Dès que la barque accoste, Altaïr saute à terre et lance quelques pièces au passeur qui s’empresse de faire faire demi-tour à son embarcation. Puis le jeune homme pénètre dans les rues malfamées du quartier tout en restant sur ses gardes. Toutes les pires crapules de la capitale se trouvent ici et il doit garder l’œil ouvert pour ne pas se faire détrousser ou attaquer par surprise. Il suffit de voir la pauvreté qui règne ici pour savoir que le prince n’est sûrement pas passé inaperçu en traversant les ruelles sombres et poussiéreuses. Les nuages continuent de s’amonceler au-dessus de la ville et l’orage menace de plus en plus. Même lui qui n’est pas originaire de Ferus peut sentir l’électricité ambiante caresser sa peau. Il s’arrête alors devant une mendiante, emmitouflée dans des vêtements sales au pied d’un mur. Altaïr fait tomber une pièce dans le gobelet à ses pieds.
« Est-ce qu’un homme richement vêtu est passé par ici ? »
Elle lève la tête vers lui et il ne peut que croiser son regard vide. Elle hoche la tête et montre une direction de sa main décharnée. Il la remercie, fait tomber deux autres pièces dans le gobelet et prend la route indiquée. Il continue de s’enfoncer dans les rues, arrêtant par intermittence des gens en posant la même question. Certains secouent la tête, d’autres donnent des indications erronées ou se moquent de lui ouvertement, mais Altaïr finit par avoir l’information qu’il désire.
« J’ai vu un type comme vous dites entrer à la Mauvaise Fortune. C’t’une maison de jeux à deux rues d’ici. »
Une maison de jeux… Altaïr fronce de nouveau les sourcils et donne quelques pièces au gars avant de prendre la direction donnée. Le mauvais pressentiment continue de croître. Si le prince s’est mis à jouer, les choses risquent de dégénérer. Alors qu’il traverse la rue, des éclats de voix lui parviennent depuis une ouverture au pied d’une bâtisse. De la lumière est visible et il reconnaît rapidement l’une des voix. Il pourrait la discerner entre mille sans aucun problème puisqu’elle lui donne des ordres depuis maintenant dix ans, entre autres choses. Comprenant rapidement au ton des voix que quelque chose ne va pas, il s’empresse de faire le tour pour entrer. A l’intérieur, c’est enfumé. Des hommes et quelques femmes ont pris place autour de tables et certains tournent la tête vers lui dès qu’il entre. Sans attendre, Altaïr avise un homme qui garde une porte dans le fond de la salle. Il s’approche et se fait arrêter.
« Laissez-moi passer. »
« C’est une salle privée. »
« Je vous dis de me laisser passer. S’il vous plait. »
Ajoute-t-il sur un ton quelque peu narquois. De l’autre côté de la porte, il peut entendre les éclats de voix augmenter. Le type ne semble pas vouloir bouger et Altaïr soupire avant de sourire.
« N’oubliez pas de vous souvenir que j’ai été poli. »
Puis la porte explose quand l’homme la traverse, dévalant l’escalier menant au sous-sol avant de rester immobile en bas. Altaïr entre à son tour et son regard balaye la scène qui se déroule sous ses yeux. Quatre personnes sont présentes. Le premier, un mercenaire à première vue, tient un couteau. Le second est une femme large d’épaules tenant une lame incurvée dans chaque main. Le troisième, un homme, n’a pas sorti d’armes mais Altaïr n’est pas assez stupide pour penser qu’il n’est pas armé. Puis son regard se pose sur la quatrième personne dans la pièce.
« Votre Altesse. Je vous ai cherché. »
Il termine de descendre l’escalier, une main sur la garde de son épée et contourne l’homme inconscient en bas. Son regard passe sur les trois inconnus tandis qu’il reste sur la défensive.
« Messieurs. Madame. Je suis désolé d’interrompre votre partie, mais le prince est attendu. Nous devons partir. »
Dès que la barque accoste, Altaïr saute à terre et lance quelques pièces au passeur qui s’empresse de faire faire demi-tour à son embarcation. Puis le jeune homme pénètre dans les rues malfamées du quartier tout en restant sur ses gardes. Toutes les pires crapules de la capitale se trouvent ici et il doit garder l’œil ouvert pour ne pas se faire détrousser ou attaquer par surprise. Il suffit de voir la pauvreté qui règne ici pour savoir que le prince n’est sûrement pas passé inaperçu en traversant les ruelles sombres et poussiéreuses. Les nuages continuent de s’amonceler au-dessus de la ville et l’orage menace de plus en plus. Même lui qui n’est pas originaire de Ferus peut sentir l’électricité ambiante caresser sa peau. Il s’arrête alors devant une mendiante, emmitouflée dans des vêtements sales au pied d’un mur. Altaïr fait tomber une pièce dans le gobelet à ses pieds.
« Est-ce qu’un homme richement vêtu est passé par ici ? »
Elle lève la tête vers lui et il ne peut que croiser son regard vide. Elle hoche la tête et montre une direction de sa main décharnée. Il la remercie, fait tomber deux autres pièces dans le gobelet et prend la route indiquée. Il continue de s’enfoncer dans les rues, arrêtant par intermittence des gens en posant la même question. Certains secouent la tête, d’autres donnent des indications erronées ou se moquent de lui ouvertement, mais Altaïr finit par avoir l’information qu’il désire.
« J’ai vu un type comme vous dites entrer à la Mauvaise Fortune. C’t’une maison de jeux à deux rues d’ici. »
Une maison de jeux… Altaïr fronce de nouveau les sourcils et donne quelques pièces au gars avant de prendre la direction donnée. Le mauvais pressentiment continue de croître. Si le prince s’est mis à jouer, les choses risquent de dégénérer. Alors qu’il traverse la rue, des éclats de voix lui parviennent depuis une ouverture au pied d’une bâtisse. De la lumière est visible et il reconnaît rapidement l’une des voix. Il pourrait la discerner entre mille sans aucun problème puisqu’elle lui donne des ordres depuis maintenant dix ans, entre autres choses. Comprenant rapidement au ton des voix que quelque chose ne va pas, il s’empresse de faire le tour pour entrer. A l’intérieur, c’est enfumé. Des hommes et quelques femmes ont pris place autour de tables et certains tournent la tête vers lui dès qu’il entre. Sans attendre, Altaïr avise un homme qui garde une porte dans le fond de la salle. Il s’approche et se fait arrêter.
« Laissez-moi passer. »
« C’est une salle privée. »
« Je vous dis de me laisser passer. S’il vous plait. »
Ajoute-t-il sur un ton quelque peu narquois. De l’autre côté de la porte, il peut entendre les éclats de voix augmenter. Le type ne semble pas vouloir bouger et Altaïr soupire avant de sourire.
« N’oubliez pas de vous souvenir que j’ai été poli. »
Puis la porte explose quand l’homme la traverse, dévalant l’escalier menant au sous-sol avant de rester immobile en bas. Altaïr entre à son tour et son regard balaye la scène qui se déroule sous ses yeux. Quatre personnes sont présentes. Le premier, un mercenaire à première vue, tient un couteau. Le second est une femme large d’épaules tenant une lame incurvée dans chaque main. Le troisième, un homme, n’a pas sorti d’armes mais Altaïr n’est pas assez stupide pour penser qu’il n’est pas armé. Puis son regard se pose sur la quatrième personne dans la pièce.
« Votre Altesse. Je vous ai cherché. »
Il termine de descendre l’escalier, une main sur la garde de son épée et contourne l’homme inconscient en bas. Son regard passe sur les trois inconnus tandis qu’il reste sur la défensive.
« Messieurs. Madame. Je suis désolé d’interrompre votre partie, mais le prince est attendu. Nous devons partir. »
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# Re: L'Aigle et le Renard ;; DarshanjaarLun 15 Mar - 22:39
L'Aigle et le Renard
18 janvier 200. Le chasseur tend l'oreille. Je retiens mon souffle pour écouter tes pas, toujours dans mon sillage...
La porte explosa. L’un de ses sourcils se haussa de surprise. Il n’aurait pas parié que c’est cela qui arriverait en premier, même s’il n’avait aucun doute que cela arriverait. Il avait entendu sa voix juste avant et le timbre onctueux de l’homme en rouge avait aussitôt été éclipsé, affadi par les nuances rocailleuses de son serviteur. L’attention de toute la pièce fut soudain rivée sur lui et son entrée fracassante alors qu’il se tenait là, immense et prêt à bondir. Son regard croisa le sien alors que Darshanjaar s’esquivait sur le côté sans faire le moindre bruit, avec une indolence légère dans la démarche qui se reflétait dans son sourire.
« Je sais. »
Oh oui, il savait. Altaïr le chercherait partout, au bout du monde s’il le fallait. Si loin qu’il cherche à s’enfuir, qu’il trouve à se cacher, il finirait par le voir arriver devant lui exactement comme il le voyait en cet instant. Cette idée fit courir un frisson de satisfaction tout le long de sa colonne. Il avait gagné cette partie. Il lui donnerait sa récompense plus tard, une fois qu’ils seraient sortis d’ici. La femme fut la première à le voir bouger et elle se tourna instantanément vers lui pour le menacer de son arme mais Darshanjaar avait profité de la diversion pour sortir sa propre lame de son fourreau et il la glissa avec vivacité contre la gorge de l’homme en rouge, secouant la tête avec indulgence en direction de son adversaire.
« Non non non, pas de ça chérie. Sois sage… Tu as entendu, je dois partir. Attendu, dis-tu ? Tu veux dire que tu n’es pas venu uniquement pour me voir gagner aux cartes ? »
Il n’avait pas regardé Altaïr en prononçant cette dernière phrase parce qu’il ne voulait pas quitter des yeux les malfrats devant lui mais il s’adressait clairement à lui. D’une pression, il contraignit le chef de la bande à se déplacer avec lui alors qu’il rejoignait lentement son serviteur. Ils n’allaient pas s’en sortir aussi facilement, c’était une évidence. Pas à Trerrun. Pas alors qu’il était venu provoquer la mort sur son terrain, parmi la multitude de petits insectes grouillants et dégoûtants qui vivaient à son contact. Ça n’avait pas grande importance. C’était drôle. C’était excitant…
« Tu es fâché contre moi ? »
Il eut à peine le temps de murmurer cette question à son encontre. L’homme en rouge esquissa un geste imperceptible et la femme jeta l’une de ses lames dans sa direction. Darshanjaar évita de justesse d’une torsion du buste mais le malfrat qu’il tenait en joue en profita pour se dégager de sa menace, se retourna vivement et lui écorcha le haut de l’épaule de sa lame dans le mouvement. Grimaçant de douleur, le prince bondit en arrière pour esquiver le gros du coup, puis tendit la main. Un éclair traversa la pièce et frappa l’homme en pleine poitrine, l’envoyant voler sur trois mètres et atterrir sur une table qui se fracassa avec un grand fracas. Une pluie de cartes à jouer tomba sur le sous-sol et le chaos se déchaîna aussitôt.
« Je sais. »
Oh oui, il savait. Altaïr le chercherait partout, au bout du monde s’il le fallait. Si loin qu’il cherche à s’enfuir, qu’il trouve à se cacher, il finirait par le voir arriver devant lui exactement comme il le voyait en cet instant. Cette idée fit courir un frisson de satisfaction tout le long de sa colonne. Il avait gagné cette partie. Il lui donnerait sa récompense plus tard, une fois qu’ils seraient sortis d’ici. La femme fut la première à le voir bouger et elle se tourna instantanément vers lui pour le menacer de son arme mais Darshanjaar avait profité de la diversion pour sortir sa propre lame de son fourreau et il la glissa avec vivacité contre la gorge de l’homme en rouge, secouant la tête avec indulgence en direction de son adversaire.
« Non non non, pas de ça chérie. Sois sage… Tu as entendu, je dois partir. Attendu, dis-tu ? Tu veux dire que tu n’es pas venu uniquement pour me voir gagner aux cartes ? »
Il n’avait pas regardé Altaïr en prononçant cette dernière phrase parce qu’il ne voulait pas quitter des yeux les malfrats devant lui mais il s’adressait clairement à lui. D’une pression, il contraignit le chef de la bande à se déplacer avec lui alors qu’il rejoignait lentement son serviteur. Ils n’allaient pas s’en sortir aussi facilement, c’était une évidence. Pas à Trerrun. Pas alors qu’il était venu provoquer la mort sur son terrain, parmi la multitude de petits insectes grouillants et dégoûtants qui vivaient à son contact. Ça n’avait pas grande importance. C’était drôle. C’était excitant…
« Tu es fâché contre moi ? »
Il eut à peine le temps de murmurer cette question à son encontre. L’homme en rouge esquissa un geste imperceptible et la femme jeta l’une de ses lames dans sa direction. Darshanjaar évita de justesse d’une torsion du buste mais le malfrat qu’il tenait en joue en profita pour se dégager de sa menace, se retourna vivement et lui écorcha le haut de l’épaule de sa lame dans le mouvement. Grimaçant de douleur, le prince bondit en arrière pour esquiver le gros du coup, puis tendit la main. Un éclair traversa la pièce et frappa l’homme en pleine poitrine, l’envoyant voler sur trois mètres et atterrir sur une table qui se fracassa avec un grand fracas. Une pluie de cartes à jouer tomba sur le sous-sol et le chaos se déchaîna aussitôt.
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# Re: L'Aigle et le Renard ;; DarshanjaarMer 31 Mar - 22:58△ V O R A C E ▽
L'Aigle et le Renard
Shani x Altaïr
La situation délicate dans laquelle se trouve le prince n’a même pas la décence de surprendre Altaïr qui n’esquisse aucun geste d’étonnement face à ce qu’il voit. Ce n’est pas la première fois que Darshanjaar se met dans une position délicate et ce ne sera sûrement pas la dernière non plus. L’homme termine de descendre les escaliers, sans lâcher du regard les trois inconnus dans la pièce. Du coin de l’œil, il remarque le mouvement du prince qui s’éloigne des lames dirigées vers lui et il se satisfait que ce dernier ait eu la présence d’esprit d’apprendre la base du maniement des armes. Néanmoins, il se crispe imperceptiblement quand il le voit menacer l’homme vêtu de rouge et ses doigts raffermissent leur prise sur la garde de son épée, prêt à dégainer au moindre geste suspect de la femme qui vient de remarquer ce qu’il se passe.
« Je suis désolé de vous décevoir Votre Altesse, mais non, je ne suis pas venu vous voir gagner aux cartes. Bien que ce soit effectivement un bonus non négligeable, je vous le concède. »
Tout en parlant, le prince commence à se décaler vers lui, tenant toujours son prisonnier contre lui, la lame caressant dangereusement sa gorge. Altaïr n’a, à aucun moment, posé les yeux sur Darshanjaar, préférant amplement surveiller avec sévérité les deux autres membres du petit groupe de jeu. Malheureusement, bien que le calme règne dans la pièce, ça ne pouvait pas durer éternellement. Avant même qu’il n’ait le temps d’esquisser un geste ou de répondre à la question du prince téméraire, une lame vole vers lui. Tout se passe très vite. Le malfrat se dégage de sa prise, Altaïr tend la main vers Shani pour le tirer vers lui mais ce dernier réussit à esquiver l’attaque de justesse, avant que le garde ne sente la colère gronder en voyant le sang imbiber sa tunique après une attaque vicieuse de l’homme en rouge. Un éclair traverse la pièce à son tour, les aveuglant un bref instant, et un grand fracas se fait entendre.
La lame dénudée, Altaïr se met instinctivement devant le prince pour le protéger du chaos qui s’abat alors autour d’eux. C’est le mercenaire qui passe à l’attaque le premier, maintenant fermement son couteau dans sa main. L’étroitesse de la pièce lui donne l’avantage et le garde n’a pas le temps de lever son arme pour parer le coup, devant lever son bras pour l’arrêter à l’aide du bouclier qui couvre son corps immédiatement. Furieux que la situation ait dérapé de la sorte, il le repousse et lève le pied pour le lui envoyer dans l’estomac, le faisant reculer de force. C’est la femme qui enchaine et, même avec une lame en moins, elle est loin d’être en reste. Cette fois-ci, Altaïr lève son arme pour parer la sienne et la repousse également. Néanmoins, elle semble bien entrainée et rend les coups. L’échange qui suit est intense, notamment quand le mercenaire revient dans la partie. Du coin de l’œil, Altaïr aperçoit l’homme en rouge tenter d’approcher du prince et il grimace. Bien qu’il ait confiance en ce dernier pour se défendre, ça ne lui plait pas de le voir obligé de se battre.
Un grognement de douleur lui échappe quand il sent la lame du couteau s’enfoncer dans son flanc. La blessure est superficielle, il s’en rend compte bien assez vite mais cela suffit à le mettre davantage en colère. Son bouclier n’a pas tenu assez longtemps. Poussé par l’adrénaline procurée par la rage, il réussit à assommer le mercenaire en envoyant son crâne rencontrer le mur en pierre. Le type s’effondre, inerte, à côté du garde tombé plus tôt. Quant à la femme…
« Je n’aime pas me battre contre les femmes. »
« Pourquoi ? Vous pensez qu’on ne mérite pas que vous vous donniez à fond ? Vous avez peur de me faire mal ? »
« Non. Parce que vous êtes les plus vicieuses. »
Ajoute-t-il en se jetant sur elle pour la désarmer. Jamais il ne sous-estimerait un adversaire à cause de son sexe, bien au contraire. Il sait que les femmes peuvent être bien plus fortes que les hommes et savent user de techniques plus fourbes au passage.
« Je suis désolé de vous décevoir Votre Altesse, mais non, je ne suis pas venu vous voir gagner aux cartes. Bien que ce soit effectivement un bonus non négligeable, je vous le concède. »
Tout en parlant, le prince commence à se décaler vers lui, tenant toujours son prisonnier contre lui, la lame caressant dangereusement sa gorge. Altaïr n’a, à aucun moment, posé les yeux sur Darshanjaar, préférant amplement surveiller avec sévérité les deux autres membres du petit groupe de jeu. Malheureusement, bien que le calme règne dans la pièce, ça ne pouvait pas durer éternellement. Avant même qu’il n’ait le temps d’esquisser un geste ou de répondre à la question du prince téméraire, une lame vole vers lui. Tout se passe très vite. Le malfrat se dégage de sa prise, Altaïr tend la main vers Shani pour le tirer vers lui mais ce dernier réussit à esquiver l’attaque de justesse, avant que le garde ne sente la colère gronder en voyant le sang imbiber sa tunique après une attaque vicieuse de l’homme en rouge. Un éclair traverse la pièce à son tour, les aveuglant un bref instant, et un grand fracas se fait entendre.
La lame dénudée, Altaïr se met instinctivement devant le prince pour le protéger du chaos qui s’abat alors autour d’eux. C’est le mercenaire qui passe à l’attaque le premier, maintenant fermement son couteau dans sa main. L’étroitesse de la pièce lui donne l’avantage et le garde n’a pas le temps de lever son arme pour parer le coup, devant lever son bras pour l’arrêter à l’aide du bouclier qui couvre son corps immédiatement. Furieux que la situation ait dérapé de la sorte, il le repousse et lève le pied pour le lui envoyer dans l’estomac, le faisant reculer de force. C’est la femme qui enchaine et, même avec une lame en moins, elle est loin d’être en reste. Cette fois-ci, Altaïr lève son arme pour parer la sienne et la repousse également. Néanmoins, elle semble bien entrainée et rend les coups. L’échange qui suit est intense, notamment quand le mercenaire revient dans la partie. Du coin de l’œil, Altaïr aperçoit l’homme en rouge tenter d’approcher du prince et il grimace. Bien qu’il ait confiance en ce dernier pour se défendre, ça ne lui plait pas de le voir obligé de se battre.
Un grognement de douleur lui échappe quand il sent la lame du couteau s’enfoncer dans son flanc. La blessure est superficielle, il s’en rend compte bien assez vite mais cela suffit à le mettre davantage en colère. Son bouclier n’a pas tenu assez longtemps. Poussé par l’adrénaline procurée par la rage, il réussit à assommer le mercenaire en envoyant son crâne rencontrer le mur en pierre. Le type s’effondre, inerte, à côté du garde tombé plus tôt. Quant à la femme…
« Je n’aime pas me battre contre les femmes. »
« Pourquoi ? Vous pensez qu’on ne mérite pas que vous vous donniez à fond ? Vous avez peur de me faire mal ? »
« Non. Parce que vous êtes les plus vicieuses. »
Ajoute-t-il en se jetant sur elle pour la désarmer. Jamais il ne sous-estimerait un adversaire à cause de son sexe, bien au contraire. Il sait que les femmes peuvent être bien plus fortes que les hommes et savent user de techniques plus fourbes au passage.
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