Tu es sombrement et intimement attirée, aspirée. C'est si étrange, tu regardes tes mains en ne comprenant pas ce qu'il t'arrives. Tu lèves la tête pour contempler le vide désastreux du néant. Et pourtant, c'est bien la première fois que quelque chose te fait palpiter le cœur. Tu le sens, ce désir de partir se fait plus fort. Serais-tu.. en train d'être ramener à la surface par une âme envahie par le négatif ? Oh... ton frère ? Ta mère ? Darius ? Tu espères mais repousses loin de toi cette idée. Ton cœur se fige, ta gorge se noue. Tu laisses échapper un léger rictus nerveux. Non. Tu ne veux pas être vu comme ça, toi la fille du néant.
Cela serait un si grand déshonneur pour ta famille et pourtant... te voilà. Tu n'aurais pas pu être une simple morte. Ton dessein est tel qu'il est: tuer le fléau avant qu'il ne tue ton frère. Mais maintenant que tu es proche de ton premier but, tu ne te sens pas bien. Pourtant... cette chose qui te tire vers le haut est chaud, doux et appréciable. Comment un tel sentiment négatif est-il devenu aussi appétissant pour toi ?
Soudain tout devient plus clair, le haut se teinte d'un bleu gris, le sol est plus dur sous tes pieds et puis... quelque chose se loge dans tes poumons, ta poitrine s'affaisse. Devant toi, des vagues venant se fracasser contre la roche. Tu écarquilles les yeux, tu es à Ferus. Tes lèvres s'ouvrent et pourtant aucun son n'en sort. Tu es déchirée par ce que tu vois, les larmes te montent et le bonheur prend possession de toi. Tant d'émotions discontinues en toi. Tu avais enfin quitté le néant. Mais comment ? Par qui ?
Tu fais volteface pour chercher l'origine de ta renaissance.
... Edgar.
Non, ce n'était pas Edgar. A quoi est-ce que tu t'attendais ? Pensais-tu réellement être si chanceuse. Tu es morte Elva, tu n'es plus la légitime princesse Du Givre. Cette enveloppe charnelle est si volatile, tandis que ton réel corps se meurt chaque jour un peu plus, sous la terre. Ta véritable toi.
Ta vie s'est arrêtée. Ta mort ne fait que commencer.
Le temps s'arrête, le vent n'a plus autant d’effet sur toi, tes yeux sont plantés dans ceux d'une étrange et jolie jeune femme. C'était elle. Si belle mais magnifiquement tragique, tu pouvais la sentir. Son parfum te parvient. Tes yeux embués de larmes un peu plus tôt se calment peu à peu. C'était un délicieux choc. Tu ne le savais pas encore, mais la présence de cette personne te faisait le plus grand bien, de par ce qu'elle ressentait.
Vous vous regardez, et tu demeures encore surprise, ne pouvant piper mot. Tu baisses les yeux et te fait plus petite que tu ne l'ai déjà. Tu n'a même pas senti le poids de tes odieuses cornes de fléau. Tu te sens, encore toi.
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