Ceux qui ont passé une éternité déjà sur ces îles le savent, mais l’atmosphère y a toujours été si, désagréable, diraient certains. Molly, elle, pensait qu’elle y avait trouvé refuge. Elle pensait que malgré toute la source de son malheur, cet endroit lui offrait une chance de s’en sortir. Ce n’était pas totalement faux, elle avait trouvé un toit (ce qu’il en restait) et une maisonnette. Le nécessaire pour survivre en tout cas. Elle était bien payée pour ce qu’elle faisait, elle ne se plaignait pas. D’autres étaient dans des commerces bien plus torrides, et d’autres ne gagnaient rien, certain n’avaient pas la force. C’était sans parler des millions d’Hommes plongés sous terre, de tous ces Fléaux qui n’attendent qu’un peu de négativité pour s’échapper.
Molly baissait souvent les bras, ces derniers temps. Son sale caractère surtout parce qu’elle était fatiguée de gravir les grandes montagnes de Glacies par un temps pareil. Un client particulier, à vrai dire. Mais Molly détestait sentir le bout de ses doigts gelés et ne plus sentir ses orteils. C’était désagréable, et ce qui est désagréable rendait Molly fâchée. Molly s’énervait souvent pour un oui ou pour un nom, mais là, c’était totalement justifié.

Seulement ce soir, le Cercle Rose ne se réunissait pas. Trop de membres étaient encore sur le continent pour de possibles retrouvailles, ce qui rendait la soirée de la jeune femme bien trop vide et sans couleur. Et quand l’ennuie la couvrait, tout le monde savait qu’il ne fallait mieux pas rester sur son chemin.
Molly était toute seule, vraiment, totalement, seule. Tout le monde savait que c’était une mauvaise idée, car tout le monde est bien conscient de ce mal qui pouvait la torturer. Mais Molly avait appris à ne plus se laisser distancier par ses émotions négatives, bien qu’elles étaient toujours présentes. Après tout, Molly n’était plus une enfant et n’avait pas besoin d’eux pour résister.

Pourtant va savoir pourquoi ce soir, elle échoua une énième fois. Le silence, sans doute et l’absence de quiconque auraient pu autrefois, causer sa perte. C’était différent ce soir, parce qu’il restait un peu de marchandise dans la réserve, et que sans même réfléchir, elle était devenue la solution à tous ses problèmes. Habituellement, ce genre de choses n’arrivaient plus, parce que le Cercle Rose l’en empêchait, mais maintenant qu’elle était seule, c’était plus fréquent. Elle avait juste besoin de compagnie, mais la ruelle était noyée dans la pénombre. La solitude avait beau parfois être agréable, ce soir elle était lourde, ce soir elle était pesante.
Et quand Molly n’était plus vraiment elle-même, elle partit sans même fermer la porte. À quoi bon dans le fond ? S’il y en avait, c’était déjà une chance, mais les forcer était chose aisée. Molly ne prenait plus garde, elle n’en avait surtout pas la capacité. Elle se rappelait pourtant de cette petite maison là-bas, pas trop loin de chez elle. C’était toujours illuminé là-bas, et elle connaissait très bien qui y vivait. Plus ou moins en tout cas. Une maison trop fréquentée par un peu trop tout le monde, et ça avait de quoi la faire tiquer auparavant, mais aujourd’hui c’était bizarre, il n’y avait pas de lumières.
Molly prit la peine d’entrer sans même toquer, la tête quasiment ailleurs, mais elle articula quand-même le nom de celui qui était censé y vivre. Son cerveau ne saisissait pas tout, et si elle était dans un état normal elle saurait déjà que Noctis n’était pas là, et qu’il n’était la plupart du temps, jamais là. Ses seules occupations sont désignées comme troubles par le Cercle Rose, pourtant les membres avaient déjà parlé de lui en positif. Il avait un bon fond, qu’ils disaient. Mais Molly ne saisissait pas toute l’envergure de leurs mots et ne se souciait pas vraiment de ce qu’ils pouvaient dire. Il était fréquent qu’elle pénètre les enceintes des maisons des soirs où la nuit était trop sombre, alors c’était presque devenu normal qu’elle s’endorme même dans des lits qui n’étaient pas les siens.

Mais celui-là craquait un peu. De toute évidence, la maison devait être abandonnée depuis longtemps.


Molly ne compta pas dans son sommeil, tout ce qu’elle sait, c’était qu’elle avait entendu un grincement, des pas, puis qu’elle s’était littéralement faite écrasée, tout en s’écrasant au sol. En fait, elle ne se rappelait plus trop. Mais Molly n’avait pas un sommeil trop lourd, alors quand elle s’était rendue compte qu’il régissait bien quelqu’un à ses côtés, elle eut un immense sourire : C’était lui ! Elle ne prit même pas la peine de s’excuser, alors que lui venait lui adresser la parole, l’air pas vraiment ravi de sa présence. Mais c’était de sa faute, non ? C’était bien lui qui s’était absenté trop longtemps, non ?

« Hehhh, ouais c’est moi, Molly la seule l’unique, m’sieur ! » Elle se redressa subitement en offrant un sourire à son acolyte : enfin elle l’appelait comme ça, mais ce n’était pas réciproque. Nul doute que Noctis était désespéré par sa présence, toujours un fardeau qu’il dirait. Pourtant quand Molly le voit, elle a l’impression que c’est encore un humain qui a besoin d’aide, mais depuis longtemps ce dernier a déchu.

« Désolée, je croyais que t’avais déserté ! J’te rends ton.. vieux lit crasseux.. » En exprimant son dégoût, Molly en profitait pour se relever, après tout, c’était pas comme si elle avait dormi dedans non.. ? Puis son regard jongla de nouveau sur son interlocuteur, ça faisait une éternité qu’il n’avait pu mis les pieds ici, c’était certain. La maison était à deux doigts de s’effondrer.
« Long voyage ? Si t’as b’soin de repos, c’est pas ici que tu devrais dormir.. » Molly a bien vite retrouvé ses esprits, mais la présence lui avait manqué, la chaleur aussi, sauf que le corps de Noctis n’exprime aucune chaleur, et il ne la couvrira d’aucune chaleur tendre et affectueuse, car Noctis est malheureusement froid comme la glace, et c’est tragique, car elle n’a pas de flamme à faire crépiter en elle.